mercredi 29 février 2012
lundi 20 février 2012
Aterrissage
La Haute Flourie, Saint Malo, le 19 février...
Un crane de pirate, figé dans la pierre, regarde l'archipel des îles Chausey, au loin !
Il fait froid. Et ce ne sont pas seulement les températures.
La semaine qui se termine a été laborieuse, voire difficile
La bulle dans laquelle nous avons vécu a éclaté : chacun renoue les liens délaissés pendant le voyage. Retour à la réalité du quotidien.
Dune nous a accueilli comme si nous nous étions quittés depuis quelques heures. Elle vient se nicher devant la cheminée, et Marguerite fait plus ample connaissance avec elle. Le jardin n'a pas souffert. Ce faisant, il est temps de programmer les travaux d'entretien avant que le printemps ne frappe à la porte : élagage, terrassement et élargissement de la zone de stationnement, aménagement d'un terrain de pétanque, et j'en passe.
Les discussions ne sont pas si ouvertes qu'on voudrait bien l'imaginer. On peut montrer les photos, raconter quelques anecdotes, mais peu de personnes peuvent se figurer la réalité de ce que nous avons vécu. Sur place, j'étais dans l'évidence. Ici, je redécouvre des impressions que j'avais déjà éprouvées à notre retour d'Inde : si on a pas été sur la route dans des conditions comparables, ce n'est pas si simple à imaginer.
Bref...
Je ressors la 2 CV, qui démarre heureusement au quart de tour, pour faire mon petit tour. D'abord Solidor, à l'origine de notre ancrage à Saint Malo ... La lumière est belle, même sous un ciel grisonnant.
Je file ensuite chez Jean-Pierre, Comarin, sur l'esplanade du port des Bas Sablons. On y trouve tout les accessoires du plongeur, et quelques bons tuyaux en prime : on me dit notamment qu'il vaut mieux attendre que l'eau se réchauffe avant de retourner au fond, au mois de juin par exemple. Je repars un peu dépité, mais en sachant quelles palmes m'acheter. Le moteur ronfle lorsque je m'élance à l'assaut d'Intra Muros, en passant au-dessus des écluses. La fête foraine de la Sainte Ouine est encore là, me barrant le passage, et m'obligeant à rentrer dans les remparts. Je croise quelques visages connus; les sourires sont amènes. Ça fait du bien. Je sors enfin par la porte Saint Vincent, direction la Chaussée du Sillon. C'est toujours la plus belle baie du monde. Un peu de chauvinisme ne peut pas nuire; surtout quand il s'agit d’atterrir dans les meilleures conditions.
Pause prolongée
Retour vers le port et l'un des chantiers navals, où je retrouve Rapha, qui poursuit la rénovation de la Madeline. J'aurais l'occasion de revenir sur ce beau bateau, en prenant le temps des détails. Sous ce toit de taules, on ne peut pas dire que les conditions de travail soient idéales (la lumière non plus d'ailleurs, pour les photos)
A ces cotés, je découvre un Muscadet entièrement désossé; peut-être aurais-je l'occasion de suivre aussi l'avancée des travaux.
Nous buvons un caoua bien chaud, en compagnie de Jeff; l'occasion d'évoquer ces périples à moto au Laos, histoire de me rafraîchir la mémoire, débordante encore, et désireuse de s'épancher.
Dimanche midi. Les petits déjeuners sont terminés. Nous filons vers la Guimaurais. Là, à l'abri de la Perle Noire, nous savourons une bonne soupe de poissons et quelques crevettes. Le paysage est splendide. A main gauche, l'Ile Besnard cache l'entrée du Havre du Lupin. Devant nous, la grande plage et les rochers où nous irons peut-être chasser avec les garçons cet été. A main droite, la plage butte sur la Pointe du Meinga; sans doute mon spot favori entre tous. De là, je distingue Chausey, où je rêve d'aller jouer au Robinson quand les jours seront plus longs et plus chauds; de là, je surplombe la baie de Saint Malo d'un coté et de l'autre les plages des Dunes du port et l'anse de la Touesse, séparée par le Pointe des Grands Nez.
Tous ces paysages m'aspirent et me ramènent aussi bien aux nombreux souvenirs qu'ils habitent qu'à ceux à venir.
Décidément, c'est quand même bon de revenir à la maison...
mercredi 15 février 2012
The end my friend !
... le ferry qui nous a ramené de Koh Chang
Bangkok, le 10 février
L'option très confortable d'un minibus
privatisé nous a permis d'atteindre le cœur de Bangkok en milieu de
journée. Nous n'avions pas à attendre qui que ce soit, et, surtout,
j'avais fixé l'heure de départ à 6h ce matin. Il aura néanmoins
fallu que je pousse un peu le chauffeur, qui, pour une fois, se
faisait peu pressé, mais très pieux : le van était envahi
d'images pieuses et je le vis prier à deux reprises.
Notre principale interrogation portait
sur le colis que nous avions envoyé en poste restante à la poste de
Bangkok. A cette heure de la journée, la grande poste centrale est
vide ; je repère immédiatemment le comptoir des « poste
restante », le terme univsersel. Et l'homme au
comptoir me montre immédiatement mon colis. Le rêve. D'après le
reçu, il est arrivé ce matin ! Le timing est juste parfait...
Cela fait, nous mettrons une petite
demi heure pour arriver au Baan Sabai, une guest house du quartier de
Kao San Road, donnant sur Soi Rhambuttree. Nous avons gagné une
grosse demi journée avec cette oépration et je suis très content
de mon coup. Nous pouvons ressortir tranquillement et, après un bon
Pad Thaï, parcourir les rues avoisinantes.
Nous sommes au cœur du quartier des
backpackers. Tout ce dont il a besoin, il le trouvera dans Kao San.
On distingue les nouveaux arrivants avec leurs yeux grands ouverts de
ceux qui finissent leurs séjour ou bien qui paraissent ne jamais
être rentrés. Une faune bigarrée, agée de 20 à 40 ans, plutôt
de type caucasienne, souvent mal fagotée. A la différence en tout cas des touristes asiatiques, à l'apparence disciplinée et beaucoup plus soignée.
Passons.
Pendant les deux nuits que nous passons aux Baan Sabai, la musique des bars et le brouhaha de la rue nous parviennent distinctement.
Je profite de ces derniers moments pour apprécier ce surplus de
bruits que je ne retrouverai pas avant longtemps ; sonnette d'un
marchand de glace, de soupe, de beignets, de fruits ou de panckake, à
moins que ce ne soit de souvenirs. Kao San est parfait pour cela ;
l'ambiance de la route. On retrouve même des personnages croisés précédemment.
Le moment est bien choisi, au terme de ce périple pour apporter quelques données pratiques, concernant le prix des aliments, notamment, qui nous ont permis d'établir une échelle de valeur, valable plus ou moins d'une monnaie à l'autre; ainsi :
Pad Thai : entre 40 Bt (dans la rue) et 80Bt au restau
Une bonne portion de Squid : 100 / 150 Bt
Noddle Soup : 10000 KP / 80 Bt – 120 bt
Poisson grillé : de 140 à 300 bt
Thé / café : de 20 à 60 bt pour aller du simple Litpon Yellow au café tiré d'un super percolateur.
Cigarettes : de 4000 Kp (0,40 euros) au Laos pour les Savannaket à 80 Bt pour les Marlboro
Le transport fluctue dans chaque ville, donc difficile d'établir un tarif cohérent. A rapprocher du litre d'essence proche d'1 euro quand même.
Location d'un scooter (135 cm3) 1200 Bt pour la semaine ou 200 à 300 par jour.
Chambre d'hôtel : de 300 baths (7,50 euros) à 1000 baths environ pour une double ou une triple.
En traversant 3 pays, nous avons d'abord appris à gérer la conversion Bath / Euro et Bath / Dollar. Arrivés au Laos, nous avons intégré le Khip dans l'équation, sachant qu'il était toujours possible de payer en Bath, plus qu'en Dollar. Enfin, au Cambodge, nous avons découvert une économie totalement adossée au Dollar. Le retrait d'espèces se fait en USD mais pas en Riels, la monnaie locale.
Pour tous nos achats courants de fruits, d'hébergement, ou de nourriture, les enfants ont du systématiquement se projeter dans des systèmes de conversions de monnaie, propices à du calcul mental à la volée.
jeudi 9 février 2012
Bye Bye Koh Chang !
Kong Kloï Cottage, le 9 février
C'est une belle journée ensoleillée, marée haute. Le marnage n'est certes pas impressionnant, mais les presque 2 mètres de hauteur donnent néanmoins un rythme à nos journées. Cependant, mon observation a été altérée par je ne sais quel effet, qui l'a empêché de déterminer le rythme de ces marées; qui ne me semble pas aussi marqué que les 6 heures de nos contrées.
Bref, tout se passe comme si nous étions restés à marée haute aujourd'hui. Une forte brise venant du large nous a apporté fraîcheur et douceur.
On a essayé d'étirer le temps. Les allusions au départ ne sont plus tabous, et il importe maintenant de se faire au plus vite à cette réalité, qui risque d'être assez violente, compte tenu des températures glaciaires que l'on va trouver.
Le départ est fixé à 6 heures demain matin. Pas le temps de perdre du temps,au contraire. En privatisant un minibus, nous partons au plus tôt, avec le secret espoir d'arriver à Bangkok en milieu de journée. Il est convenu que le chauffeur fasse un arrêt à la poste centrale, afin que j'y récupère le colis que j'ai envoyé de Vientiane. Nous serions presque étonnés de le trouver, car l'adresse que nous avons fait figurer sur le colis porte simplement comme mention : Loisel Family, poste restante, central post, Bangkok...
Nous quittons un endroit paisible. La plage n'est pas encore réputée, donc presque uniquement pourvu de guest house et pas encore de resorts. Mister Ti, l'une des figures de la plage ne sera peut-être plus là la prochaine fois. Ce rasta à la vie déjà bien remplie aura peut-être été mis à la porte de la portion de plage sur laquelle il construit son bar, par un propriétaire qui garde tous les droits sur les commerçants qui occupent son terrain.
Il a contribué à égayer mes journées par son sourire communicatif, ses blagues d'un autre age et avec sa musique, qu'il a bien voulu partager pendant deux soirée. A la première occasion, il s'agissait de fêter le premier anniversaire du Cottage. Comme tous les soirs, l'atmosphère est détendue, mais plus festive. Et Mister Ti finit par nous donner un disque, que nous réécouterons certainement, en particulier son titre Pad Thaï, dédié au plat national thaïlandais.
De toute façon...
Mon téléphone est rechargé. J'ai mis quelques secondes à me souvenir de mon code PIN. Il prêt à servir dès que l'airplane se sera posé et arrêté à l'aérogare. Un nombre important de messages et autres sms m'a été signalé. Il est encore temps de le refermer pour deux jours.
Encore un zest de folie à Bangkok, et c'est parti...
lundi 6 février 2012
La fin déjà... ?
Klong Khoï Cottage, le 06 février
Le regard s'émousse, alangui par les soirées festives, l'absence de programme et les allers et retours dans l'eau. Déjà, nous prenons les renseignements pour le retour à Bangkok.
Je prends quelques minutes pour piocher au hasard quelques journées de photos; si proches et si lointaines.
Après l'Inde, j'appréhendais la densité de ce séjour, mais, sans même que nous ayons commencé sa digestion, je réalise déjà qu'il fourmille d'instants formidables d'un bonheur partagé tous les six et de pays où il a fait bon vivre.
L'appréhension joue maintenant dans l'autre sens. A quelques jours du décollage, les 30° de température en moins, et tout le reste, vont certainement nous faire violence.
Douce mélancolie...
Le chemin continue pour chacun, sur d'autres traces
dimanche 5 février 2012
Le smile de Koh Chang
Klong Khoi cottage, le 5 février
Je jouis ce matin d'une paix retrouvée. Les enfants travaillent, Marguerite dort, Séverine goûte une tranquillité méritée, et je peux enfin reprendre le chemin de mon clavier.
Klong Koi Beach est notre petit paradis. Nous sommes à l'écart des sites les plus touristiques, au bord d'une plage agréable, sans être idéale. L'eau n'est pas bleue transparente du du fait de remous générés par une petite barrière corallienne à quelques encablures du bord. Nous nous trouvons à un bon kilomètre de Bang Bao, le village de pêche le plus au sud, qui reste relativement préservé.
Laurence d'abord, puis Joss et Wanda, nous ont rejoint. Nous attendons Anne, Hervé et leurs enfants cet après midi, en provenance de Bangkok. Et nous serons alors au complet.
Je viens de terminer mon premier stage de plongée bouteilles, à l'issue duquel j'ai obtenu le PADI Open Water Diver. Au delà du brevet, qui permet de plongée jusqu'à 18 mètres, ces trois jours ont surtout été l'occasion de découvrir la richesse fabuleuse de l'environnement marin à proximité de l'ile et des sensations extraordinaires.
Le bateau du Dive Adventure center est un simple bateau de pêche en bois, réaménagé pour la plongée. Après avoir pris quelques renseignements, je me décidai donc pour ce stage et organisai une journée en mer avec toute la smala. Un grand moment, favorisé par les soins attentifs des instructeurs et du personnel de bord. Les garçons, très à l'aise dans l'eau, ont aussi pu faire une belle plongée.
Trois jours intenses, dont je me remets à peine, avec la ferme intention de renouveler l'expérience avant notre départ. Il va sans dire que je ne suis pas le seul à vouloir retourner sur ces massifs coralliens, sur lesquels nous étions quasi seuls à plonger.
Bref, nous organisons notre farniente, pour commencer la digestion de ces deux mois, pour réaliser que nous rentrons très bientôt, et surtout, pour profiter de ces derniers instants de bonheur entre copains, autour d'une bonne bière et d'un Pad Thaï (Le plat thaï) ou d'une assiette de calamars ou de crevettes grillées
Les devoirs, ça suffit pour le moment; allons plutôt nous baigner, commander le riz et demander que la sono résonne d'un bon son pour agrémenter la sieste qui s'en suivra
jeudi 2 février 2012
En transit : Siem Reap / Koh Chang
Klong Koï Cottage, Koh Chang, le 2 février
Ces journées à Angkor ne nous ont pas reposé, loin s'en faut. Nous avons préjugé de de nos forces en imaginant partir directement pour Battambang pour n'y passer qu'une ou deux nuits au mieux. Nous resterons plutôt à Siem Reap une journée de plus. Au programme, balade shopping dans le marché, pizzas !, foot massage avec les poissons pour prendre soin de ses pieds, séance de travail et piscine.
Nous sommes d'attaque le lendemain pour une bonne journée de bus : Siem Reap / Poipet / Thrat / Koh CHang. Environ une dizaine d'heures, au mieux, en partant à 8 heures. La première partie du trajet est marquée par des arrêts totalement injustifiés, si ce n'est au regard de l'intérêt du chauffeur qui a manifestement des accointances avec les boutiques. Au dernier arrêt, l'opération passage de frontière commence. On nous prend nos billets, et à la place, on reçoit de minuscules autocollants portant les initiales de notre destination; et que nous devons coller sur un endroit visible.
Une pluie fine rend la chaussée sale, et quand nous arrivons à Poipet, la ville frontière, nous découvrons un endroit triste et sale. Une activité fébrile semble animer ce carrefour, dont le seul élément remarquable est son poste de frontière. Là, nous devons marcher jusqu'au contrôle des visas. Tout se passe comme si les bus étaient arrivés en même temps, si bien que la queue est énorme. Les gens se pressent, plus ou moins respectueux d'un ordre. La confusion règne. Une fois cela fait, nous passons en zone internationale : une longue portion de route d'environ un km sépare les deux postes. Des casinos et des resorts profitent de l'espace détaxé. Des camions et des charrettes à bras font la navette entre les deux pays. Vides dans un sens, pleins dans l'autre.
Arrivés devant le poste thaïlandais, la queue est encore plus grande, mais fermement délimitée par des barrières.Nous avons été ralentis en laissant Marguerite marcher, et sommes dans les derniers. Deux hommes distribuent les formulaires. En voyant le baby, il nous invite à couper la file et nous retrouver directement dans la salle devant les contrôleurs. Nous le bénissons, tant ces passages marquent une véritable épreuve. Après cela, on peut attendre tranquillement en s'asseyant, que tout le monde soit passé, et, qu'enfin, nous ayons une idée de l'heure à laquelle notre bus partira pour Koh Chang.
Le mini-van dans lequel nous montons avec presque une heure de retard, est comme tous les autres en Thaïlande : optimisés pour la vitesse et gonflés pour la reprise. Toutes les vitres sont opacifiées, le chassis surbaissé et aucun bagage, bien entendu, ne doit dépasser de la carlingue. La route est donc un petit enfer, faite de soubresauts et d'accélérations incessants.
Bien sur, les 10 heures prévues étaient théoriques et même si nous sommes contents d'arriver au ferry, il est déjà 19h30 quand il appareille pour nous débarquer à 21h. N'ayant toujours pas de réservation, je réalise que ça va être un peu plus compliqué : les deux premiers villages se résument à une longue suite d'échoppes et de bars qu'il nous faut impérativement fuir. J'avais opté pour Lonely Beach au sud, mais les backpackers avec lesquels nous terminons notre voyage font bien de m'alerter sur le niveau sonore.
Je décide de les suivre, et nous nous retrouvons finalement dans un petit paradis, au Gu' Bay... grand open lounge sur un jardin agrémenté de bungalows autour d'une piscine, hamacs entre les palmiers. Sauf que à 20/30 ans, c'eut été parfait, mais qu'avec un bébé trop fatigué pour s'endormir, on cherche plutôt le spot vraiment tranquille où tout le monde est couché à 22h...
Ce sera la mission de demain...
mercredi 1 février 2012
Les temps d'Angkor, la fin...
Klong Koï Cottage, Koh Chang, le 1er février
Notre visite d'Angkor n'est pas encore terminée, pourtant, nous en sommes déjà loin, après une grosse journée de voyage, un nouveau poste frontière traversé entre le Cambodge et la Thaïlande, et une première journée de mise en route à Koh Chang.
Quelques clichés me ramènent néanmoins à ces dernières balades à Angkor et dans la ville de Siem Reap.
On l'aura compris, pour prétendre à une visite exhaustive de la cité d'Angkor, une semaine entière serait un minimum. Nous y aurons passé deux jours pleins ! Nous donnons rendez-vous à Punthong en début d'après-midi pour notre troisième jour. Nous quittons Siem Reap et contournons par l'ouest les sites principaux pour nous rendre vers un temple au nord de la cité. La route est belle : passés les faubourgs en pleine construction de la ville, nous nous retrouvons dans les rizières, traversons des villages semblant vivre encore au rythme simple des saisons agricoles. Les maisons sur pilotis abritent des familles qui nous donnent l'impression d'une certaine indolence, mais peut-être est-ce du à l'heure de la journée, qui est la plus chaude. Nous demandons à Punthong de ralentir à l'allure d'un petit trot, afin de goûter cette vision, qui pourrait résonner comme un appel. Je ne peux m'empêcher, parfois, de penser que cette vie a un air de paradis. Je me rends bien compte que cette impression est largement biaisée par ma culture urbaine et occidentale, que les personnes que j'observe n'ont pour la plupart aucun accès à une éducation qui leur permettrait de mettre en perspective ce mode de vie. Bientôt, les paraboles vont envahir ces villages, bientôt, des voitures vont faire leur apparition, bientôt, l'exode vers la cité qui grossit, aspirera la jeunesse comme un ogre affamé.
En discutant avec de jeunes cambodgiens à Siem Reap, on découvre leur fascination pour l'essor économique du Vietnam et pour la réussite et la richesse de la Thaïlande. En parcourant les rues de la ville, on s'aperçoit aussi que le modèle culturel vient de la Corée : on ne compte pas les restaurants coréens, mais on ne voit pas un seul sushi bar !
Bref, j'en suis là de mes réflexions quand j'aperçois un attroupement à quelques centaines de mètres de la route, au milieu d'un champ. Je demande un arrêt pour aller me rendre compte de ce qui se passe. Nous traversons un champ marécageux avec les enfants, et découvrons derrière un léger promontoire un spectacle étonnant. Quelques hommes sont rassemblés dans une marre, disposant chacun du filet à jeter que l'on retrouve partout en Asie. Mais je ne m'attendais pas à le retrouver en pleine campagne, dans une marre boueuse, qui m'a tout l'air d'être artificielle.
J'oublie le programme de visite des temples pour assister à cette chorégraphie bien rodée. On jette les filets, on trotte autour et sur le filet pour faire sortir le poisson, qui doit vivre dans la vase. C'est vraiment comme une danse, qui se conclut, par des plongeons afin d'aller chercher la prise. Et ça marche. Je suis impressionné par cet homme, dont le corps semble en parfait harmonie avec ces gestes qu'il a du pratiqués depuis son enfance. Son regard ne cesse de rire.
Nous reprenons notre route. Mais bientôt, une nouvelle surprise nous attend. Tout au long de la route, nous observons des fours en terre cuite, sur lesquels mitonnent de grandes marmites. Elles ressemblent par leur forme à celle que nous pouvions voir chez nous, à une autre époque. En nous arrêtant, nous comprenons qu'il s'agit de la fabrication d'une sorte de caramel, confectionné à partir de la sève d'un palmier. Trop sucré pour moi, mais naturel. Elle est aussi vendue, sous une forme non cuite, comme matière grasse pour la cuisine.
Nous roulons depuis une bonne heure. Hortense se plaint de l'inconfort de notre véhicule, il est vrai très mal adapté à un si long trajet pour nous tous. A deux, c'eut été parfait !
L'arrivée à notre destination est d'autant plus appréciée. Ce temple est beaucoup plus petit que ceux visités précédemment, mais les nuances d'ocres qui composent la pierre, par ailleurs magnifiquement sculptée, sont un vrai régal pour le regard. Nous retrouvons de part et d'autres des seuils que nous traversons, des pans entiers de murs gravés de textes en sanscrit. Les motifs indous sont aussi beaucoup plus nombreux, ce qui au vu de mes maigres connaissances, en font un temple ancien.
La lumière décline peu à peu. Nos pieds sont à nouveau recouverts de cette terre rouge omniprésente, quoique des bancs de sable soient visibles de loin en loin. Souvent, avec Hortense, nous choisissons de marcher pieds nus. Un peu baba-cools, mais c'est nettement plus agréable que les tongues; et nous avons laissé depuis longtemps l'idée de porter nos chaussures de marches. L'atmosphère est tranquille, égayée par le chant des oiseaux et ponctuée par la reprise de morceaux de musique par un groupe de victimes de mines, à chaque fois qu'un groupe sort du temple. Heureusement, il n'y en a pas beaucoup ici, ce qui rajoute au plaisir de ce moment. Ces groupes sont présents sur presque tous les sites. En ville, on croise beaucoup de ces hommes ou femmes, blessés par ces engins qui continuent de faire des ravages au Laos et au Cambodge. On déconseille d'ailleurs toujours au voyageur de faire du hors piste à Angkor, sous peine de courir des risques non négligeables. Les amputés ne se comptent pas, et on aurait du mal à tenir un registre exhaustif de toutes les autres infirmités .
Alors que nous faisons une pause pour mettre en relation Marguerite avec un enfant de son âge, qui, évidemment, pèse deux fois moins qu'elle, au bas mot, un groupe arrive et prend la pose. Chercher l'erreur ! notre farceur est à l'oeuvre...
Le coucher de soleil nous surprend avant que nous ayons atteint notre seconde destination. Dans les villages que nous traversons, des hommes et des femmes se lavent; les femmes portent un sarong. Les enfants courent, les chiens, toujours aussi petits, vont et viennent sur la route, prudents. Des motos circulent avec des chargements hétéroclites. Un camion roule au pas; il transporte des moines, micro à la main, qui prononcent des prières à chaque fois qu'ils sont arrêtés pour recevoir des offrandes.
A l'arrivée, un policier nous informe que le temple est fermé. Nous persistons néanmoins et obtenons l'autorisation de nous presser. Surprise : une réception s'organise, le temple est vide, la lumière chaude du soleil rouge inonde chaque pierre encore brûlante de la chaleur accumulée pendant la journée. Nous courons, rions, et bénissons cet après midi qui se termine d'une si belle façon. C'est un beau cadeau pour clore ces impressions d'Angkor, et garder en souvenir le privilège d'un lieu vierge de toute présence.
Nous le devons à des clients privilégiés d'un grand hotel, qui privatisent le temple pour une soirée festive. Nous nous gardons d'imaginer le tarif d'une telle prestation, bien au-delà de nos pauvres ressources.
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