mercredi 1 février 2012

Les temps d'Angkor, la fin...


Klong Koï Cottage, Koh Chang, le 1er février 

Notre visite d'Angkor n'est pas encore terminée, pourtant, nous en sommes déjà loin, après une grosse journée de voyage, un nouveau poste frontière traversé entre le Cambodge et la Thaïlande, et une première journée de mise en route à Koh Chang.

Quelques clichés me ramènent néanmoins à ces dernières balades à Angkor et dans la ville de Siem Reap.



On l'aura compris, pour prétendre à une visite exhaustive de la cité d'Angkor, une semaine entière serait un minimum. Nous y aurons passé deux jours pleins ! Nous donnons rendez-vous  à Punthong en début d'après-midi pour notre troisième jour. Nous quittons Siem Reap et contournons par l'ouest les sites principaux pour nous rendre vers un temple au nord de la cité. La route est belle : passés les faubourgs en pleine construction de la ville, nous nous retrouvons dans les rizières, traversons des villages semblant vivre encore au rythme simple des saisons agricoles. Les maisons sur pilotis abritent des familles qui nous donnent l'impression d'une certaine indolence, mais peut-être est-ce du à l'heure de la journée, qui est la plus chaude. Nous demandons à Punthong de ralentir à l'allure d'un petit trot, afin de goûter cette vision, qui pourrait résonner comme un appel. Je ne peux m'empêcher, parfois, de penser que cette vie a un air de paradis. Je me rends bien compte que cette impression est largement biaisée par ma culture urbaine et occidentale, que les personnes que j'observe n'ont pour la plupart aucun accès à une éducation qui leur permettrait de mettre en perspective ce mode de vie. Bientôt, les paraboles vont envahir ces villages, bientôt, des voitures vont faire leur apparition, bientôt, l'exode vers la cité qui grossit, aspirera la jeunesse comme un ogre affamé. 
En discutant avec de jeunes cambodgiens à Siem Reap, on découvre leur fascination pour l'essor économique du Vietnam et pour la réussite et la richesse de la Thaïlande. En parcourant les rues de la ville, on s'aperçoit aussi que le modèle culturel vient de la Corée : on ne compte pas les restaurants coréens, mais on ne voit pas un seul sushi bar !










Bref, j'en suis là de mes réflexions quand j'aperçois un attroupement à quelques centaines de mètres de la route, au milieu d'un champ. Je demande un arrêt pour aller me rendre compte de ce qui se passe. Nous traversons un champ marécageux avec les enfants, et découvrons derrière  un léger promontoire un spectacle étonnant. Quelques hommes sont rassemblés dans une marre, disposant chacun du filet à jeter que l'on retrouve partout en Asie. Mais je ne m'attendais pas à le retrouver en pleine campagne, dans une marre boueuse, qui m'a tout l'air d'être artificielle.
J'oublie le programme de visite des temples pour assister à cette chorégraphie bien rodée. On jette les filets, on trotte autour et sur le filet pour faire sortir le poisson, qui doit vivre dans la vase. C'est vraiment comme une danse, qui se conclut, par des plongeons afin d'aller chercher la prise. Et ça marche. Je suis impressionné par cet homme, dont le corps semble en parfait harmonie avec ces gestes qu'il a du pratiqués depuis son enfance. Son regard ne cesse de rire.

Nous reprenons notre route. Mais bientôt, une nouvelle surprise nous attend. Tout au long de la route, nous observons des fours en terre cuite, sur lesquels mitonnent de grandes marmites. Elles ressemblent par leur forme à celle que nous pouvions voir chez nous, à une autre époque. En nous arrêtant, nous comprenons qu'il s'agit de la fabrication d'une sorte de caramel, confectionné à partir de la sève d'un palmier. Trop sucré pour moi, mais naturel. Elle est aussi vendue, sous une forme non cuite, comme matière grasse pour la cuisine.








Nous roulons depuis une bonne heure. Hortense se plaint de l'inconfort de notre véhicule, il est vrai très mal adapté à un si long trajet pour nous tous. A deux, c'eut été parfait !
L'arrivée à notre destination est d'autant plus appréciée. Ce temple est beaucoup plus petit que ceux visités précédemment, mais les nuances d'ocres qui composent la pierre, par ailleurs magnifiquement sculptée, sont un vrai régal pour le regard. Nous retrouvons de part et d'autres des seuils que nous traversons, des pans entiers de murs gravés de textes en sanscrit. Les motifs indous sont aussi beaucoup plus nombreux, ce qui au vu de mes maigres connaissances, en font un temple ancien. 

La lumière décline peu à peu. Nos pieds sont à nouveau recouverts de cette terre rouge omniprésente, quoique des bancs de sable soient visibles de loin en loin. Souvent, avec Hortense, nous choisissons de marcher pieds nus. Un peu baba-cools, mais c'est nettement plus agréable que les tongues; et nous avons laissé depuis longtemps l'idée de porter nos chaussures de marches. L'atmosphère est tranquille, égayée par le chant des oiseaux et ponctuée par la reprise de morceaux de musique par un groupe de victimes de mines, à chaque fois qu'un groupe sort du temple. Heureusement, il n'y en a pas beaucoup ici, ce qui rajoute au plaisir de ce moment. Ces groupes sont présents sur presque tous les sites. En ville, on croise beaucoup de ces hommes ou femmes, blessés par ces engins qui continuent de faire des ravages au Laos et au Cambodge. On déconseille d'ailleurs toujours au voyageur de faire du hors piste à Angkor, sous peine de courir des risques non négligeables. Les amputés ne se comptent pas, et on aurait du mal à tenir un registre exhaustif de toutes les autres infirmités .

Alors que nous faisons une pause pour mettre en relation Marguerite avec un enfant de son âge, qui, évidemment, pèse deux fois moins qu'elle, au bas mot, un groupe arrive et prend la pose. Chercher l'erreur ! notre farceur est à l'oeuvre...






Le coucher de soleil nous surprend avant que nous ayons atteint notre seconde destination. Dans les villages que nous traversons, des hommes et des femmes se lavent; les femmes portent un sarong. Les enfants courent, les chiens, toujours aussi petits, vont et viennent sur la route, prudents. Des motos circulent avec des chargements hétéroclites. Un camion roule au pas; il transporte des moines, micro à la main, qui prononcent des prières à chaque fois qu'ils sont arrêtés pour recevoir des offrandes.





A l'arrivée, un policier nous informe que le temple est fermé. Nous persistons néanmoins et obtenons l'autorisation de nous presser. Surprise : une réception s'organise, le temple est vide, la lumière chaude du soleil rouge inonde chaque pierre encore brûlante de la chaleur accumulée pendant la journée. Nous courons, rions, et bénissons cet après midi qui se termine d'une si belle façon. C'est un beau cadeau pour clore ces impressions d'Angkor, et garder en souvenir le privilège d'un lieu vierge de toute présence.
Nous le devons à des clients privilégiés d'un grand hotel, qui privatisent le temple pour une soirée festive. Nous nous gardons d'imaginer le tarif d'une telle prestation, bien au-delà de nos pauvres ressources.






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