mercredi 29 janvier 2014

Toi là ! je t'aime



Puducherry, le 29

Je ne résiste pas à l'insertion de cette photo. Le grapheur est-il le même qui a inondé les murs de Saint Malo ? en tout cas, quel clin d'oeil...






De loin, et dans les grandes villes, on imagine autant que l'on perçoit une sorte de frénésie, accentuée par la foule. Au contraire, à Pondicherry, autant qu'à Pury d'ailleurs, on réalise combien le rythme est lent. En dehors des bus et de certaines voitures, tout le monde roule presqu'au pas; les rickshaws comme les motos ne dépassent que très rarement les 30 km/h. Le klaxonne est utilisé de façon systématique mais à bon escient, pour avertir. Le comportement de chacun concourt à préserver la fluidité du mouvement. Sur la route, dans les rues, dans une queue, chaque interstice est utilisé pour se glisser. Aller trop vite génère trop de risques. Mais il faut toujours être en mouvement et ne pas compter sur la prééminence théorique d'une place : il faut souvent s'imposer pour la garder sans que cela soit mal perçu. Au contraire.




En fin d'après-midi nous nous rendons sur le remblais, pratiquement fermé à la circulation. Là, des centaines de piétons prennent l'air parfumé aux embruns. Dans la ville, la touffeur est parfois oppressante, et je suis toujours surpris de la force du vent, établi dans une brise fraîche et humide, qui vient directement du nord est; comme si elle avait descendu le golfe du Bengale pour nous rafraîchir.





Progressivement, la maison se remplie de bibelots, de morceaux de tissus, achetés de façon compulsive au gré de nos promenades. Parfois, on sort avec un objectif et passé le premier coin de rue, happés par une parade qui passe par là, ou bien sidérés par un nouveau mendiant à l'allure extraordinaire, ou bien alléchés par une nouvelle vitrine, ou encore, et c'est le plus souvent, tentés par un tchaï ou un vada, nous nous arrêtons. Et les heures qui suivent s'enchaînent alors sur une série de trajectoires imprévues qui nous éloignent de notre objectif initial. Qui doit être remisé pour le lendemain...

Ce qui est sur, c'est que je dois impérativement passé au labo photo pour récupérer les visuels que nous devons distribuer demain matin. Encore une séance au marché, qui nous vaudra quelques beaux sourires













Ma main droite, bien que lavée, porte l'odeur des currys et pickles dont je me suis régalés ce midi. La plupart des restaurants servent un plat du jour, le meals. Servi sur une grande assiette en métal recouverte d'une feuille de bananier, vous avez devant vous 3 ou 4 petits ramequins remplis de sauce, dont l'inévitable Sambar, puis deux autre contenant les currys de légumes. Ils sont l'accompagnement principal du riz, et comme ce dernier, servis à volonté. un curd et un dessert généralement à base de yaourt sucré finissent le tout. C'est bon, en général, mais certains assortiments de légumes sont vraiment meilleurs que d'autres. 
Revenus à la maison pour une sieste bien méritée, nous nous empressons auparavant de prendre un jus de citron. Ils sont petits, pas très verts, mais très parfumés et délicieux avec une bonne rasade d'eau fraîche et un peu de cassonnade ou de sirop de canne. Définitivement notre boisson du moment.

Plaisir sans  cesse renouvelé que ces instants pendant lesquels on se sent faire corps avec le pays. 










Marguerite, très sollicitée, sait parfois se plier de bonne grâce à la gentillesse encombrante des mamas indiennes, qui n'en peuvent plus de la serrer dans leurs bras. Je suppose que pour elle, tout ça est un peu trop masala - comprenez pimenté - et qu'à l'évocation de la cuisine, un réflexe la pousse à venir se blottir dans nos jambes, plutôt que d'accepter les cadeaux et autres gestes d'affection. 





Dimanche, une bonne partie de l'après-midi a été consacrée à la visite du "Sunday Market". Un lieu de promenade très fréquenté. Gandhi Street se couvre d'étals en tous genres, allant même jusqu'au "second hand". Séverine, cédant à son goût pour fouiller les friperies et braderies, a pu donner sa pleine mesure en faisant quelques belles emplettes. A voir le volume pris par ces dernières, il devient urgent de se renseigner sur les possibilités d'envoi de colis. La poste indienne y pourvoira heureusement. 
Nous faisons la rencontre de femmes entièrement voilées. Si ce n'est pas la première fois, nous saisissons l'occasion d'un échange de photos pour faire prendre la pose à la famille avec Hortense. Nous sommes toujours saisis par la joie qui se dégage de ses échanges, de l’espièglerie de ces jeunes femmes, quand même on ne distingue que leurs yeux. Malgré moi, je ne peux m'empêcher d'apprécier ces instants à l'aune des préjugés que nous portons  spontanément sur les wahhabites. Sans doute n'en sont ils pas mais le fait de porter un voile intégrale nous renvoie à cette perception d'un sectarisme exclusif. Au moins, ces quelques instants passés à rire avec eux nous confortent dans l'idée que les préjugés sont les premiers obstacles à la rencontre de l'autre.






Mon copain "Prakash", vendeur de légumes, à la forte gouaille, heureux de vivre; au rire communicatif.

dimanche 26 janvier 2014

Puducherry, place au marché


Puducherry, le 26



"Allah Akbar..." L'invitation à la prière résonne de la mosquée qui se situe en face de la maison. Ce matin, nous avons suivi l'office à la cathédrale; en tamoul bien entendu. Les hommes d'un coté, les femmes de l'autre, vêtues de leurs plus beaux saris. Une féerie de couleurs chatoyantes, égayées encore par les tenues des petites filles. Une assemblée priante et recueillie, mais tranquille.
Nous coulons des jours paisibles à Puducherry, qui nous le rend bien. Tout y est : les rues paisibles du quartier français, où il fait bon flâner pour se reposer de la cohue des rues populeuses et commerçantes, les boutiques d'antiquités, de bijoux ou de tissus, la plage à 10 mn en sortant de la ville, les cantines de rue ou les bons restaurants.
Depuis Madras, nous mesurons l'écart de richesse et de développement avec l'Orissa. Ici, on croise des éboueurs à tout bout de champ; on s'étonne de la propreté (même si aux yeux de beaucoup, il faudrait relativiser); les services municipaux sont pourvus de camions pimpants servant au curetage des canalisations. Les rues étaient encombrées de vaches, certaines mourantes ou estropiées; les chiens errants innombrables; ici rien de tout cela, comme si un ordre établi régnait sur la cité.
Passés les premiers moments de défiance, pendant lesquels on se dit qu'on a atterrit dans une réserve à touristes, on réalise vite que leur présence est circonscrite et facilement évitable. 


 Du reste, c'est surtout le marché qui nous a conquis, loin justement des sentiers battus. Au croisement de Nérhu Street et de Gandhi Street, on se faufile entre deux échoppes pour entrer dans le marché aux poissons. On est saisi par le volume sonore des conversations, négociations et autres cris; par l'odeur bien sur; mais surtout par l'éclat de ses femmes trônant devant leurs étals, vidant les poissons et nettoyant les crevettes, montant les crabes en pyramide, paradant lorsque de grosses pièces (thons, requins, raies, daurades, ...) attirent le chaland. 


Comme nous sommes pourvus d'une petite cuisine, c'est l'occasion ou jamais de faire nos courses. D'abord des légumes, nous raffolons des concombres, des radis noirs et des oignons rouge, que nous complétons avec des tomates. Quelques citrons, du sel et une poudre masala (tonique) en constitue le meilleur des assaisonnements.
Au retour, nous prenons un kg de calamars et presqu'autant de crevettes. Yumi !
  



Nous attendions aussi le Sud pour les fleurs. Le marché en offre une belle vision. Il me plaît de m'arrêter devant les étals pour apprécier le travail de chacun de ses artisans commerçants, qui pour composer une couronne de fleurs, qui pour ranger les feuilles de bétels, et cela pour toute les spécialités. Le geste est poli par l'habitude, rendu beau par la simplicité qui en résulte, même, et surtout, si le doigté est souvent complexe et exige une adresse singulière. Ainsi, je contemple ces fleuristes et je suis pris à parti par deux d'entre eux, qui veulent que je les prenne en photo. Je ne suis pas peu fier du cadeau que l'un des deux me fait. 




Circuler dans le marché avec cette guirlande embaumant le jasmin peut paraître ridicule. Pourtant, tel n'était pas le but du cadeau, et je constate très vite que les commentaires sont enthousiastes : "you look souperr ! "  C'est traditionnellement une guirlande de mariage, et cela suscite beaucoup de rires. Ce qui est certain, et c'est justement la raison pour laquelle je me plie volontiers au jeu, c'est que lors de notre prochain passage, on se souviendra de nous. D'ailleurs, nous avons fait développer des photos pour effectuer une petite distribution. Le contact est facile, bon enfant, et nous sommes toujours fascinés par ces ambiances. C'est là que nous nous sentons le mieux. Ce n'est pas forcément le cas des enfants, qui trouvent cela un peu oppressant. Les allées sont étroites, les regards incessants; on doit faire attention où l'on met les pieds, avoir un oeil derrière soi pour ne pas gêner le passage des porteurs en tout genre, sans parler des chalands qui vont et viennent.


Une pause coconut est donc la bienvenue. Dans une allée plus tranquille, on prend le temps de s'asseoir et de se régaler d'une noix de coco, la saveur résidant presque plus dans la manière dont elle est ouverte, puis séparée pour en récupérer la pulpe. Le geste là encore est sur, délicat, accompli avec un outil contondant mais pas tranchant, qui semble façonné par les âges.




Une fois installé, il est un passage obligé : le Barber Shop, le Parlour, bref, le coiffeur. Un petit coup de frais n'était pas superflu. Nous sommes bien tombés. Je ressorts fringuant comme un jeune premier, sans épi et bien mis.





Trois semaines révolues. Pour enfin se sentir à sa place, en phase avec son environnement. C'eut pût être une autre ville, un autre lieu, un autre Etat. Mais Pondi est déjà devenu une étape phare. Où nous allons certainement nous poser. Personne ne pense à en repartir pour le moment.
Songer à la date, au temps qui s'est écoulé et à celui qui reste, produit un effet curieux; quasiment à l'opposé de la déconnexion induite par le mode de vie dans lequel nous nous sommes immergés depuis notre atterrissage... Comme si notre première quête consistait d'abord à s'extraire du temps réglé et découpé pour en découvrir un autre, doté d'une autre substance, d'une autre ponctuation. Un temps qui laisse place à la contemplation des petits riens qui saturent notre environnement au quotidien. Observer le comportement des chiens errants, la posture des uns et des autres, au marché, dans la rue, se laisser absorber par le flux multicolore des formes, couleurs, bruits qui comblent le regard et les sens; chaque instant est source de contentement.
Surtout, on sait pouvoir profiter des sourires qui nous sont adresses, et que l'on peut si facilement provoquer...
Alors, on souhaite que ce temps là ne finisse pas, où encore mieux, comme le réalisme sait rappeler la raison à l'ordre, que l'organisation de sa vie puisse provoquer la répétition de ces stances de temps là.
Etre sur la route...







vendredi 24 janvier 2014

Un petit chez nous à Puducherry

Puducherry - adresse inconnue sur le canal







Merci à Jeff pour la photo : la bande réunie au complet au départ du Pink House, devant la chambre, avec tout le barda. Vu d'ici, tout ça à l'air bien léger; pourtant nous songeons à renvoyer un gros colis pour nous délester du surplus, sans compter les vêtements que nous avons apportés en trop. Un change suffit, en tout cas pour moi. 





Le restaurant typique qui nous attire : "south-indian veg", la plupart du temps, avec un service du matin jusqu'à 11h et un autre ensuite jusqu'au soir. Fréquemment les plats en sauce ne sont servis que le soir après 18h. L'accueil y est toujours sympathique, la nourriture excellente. 
On commence par aller se laver les mains; le repas est servi sur des feuilles de bananiers, et l'on retourne se laver afin de se débarrasser des restes qui collent à la main droite.
Du reste cette main finit par porter l'odeur persistante des épices... c'est l'odeur d'ici





L'alternative au restaurant se trouve dans la rue. Les Tchaï Daba offrent des idlis (galettes de riz vapeur) ainsi que des beignets aux légumes qui satisfont notre premier appétit. Pour moins d'un euro, tout le monde a pu se sustenter en plus du thé. 






Le sourire de ces lycéens correspond bien à l'accueil que nous avons reçu à Madras. Les commerçants n'hésitant pas à nous faire quelques menus cadeaux, une qualité de service comme nous n'en avions pas encore trouvée. 








En fin d'après midi, la plage, immense, s'anime. Les gargottes en tout genre s'ouvrent aux promeneurs. En longeant le rivage, nous croisons trois tortues échouées, comme à Puri. On imagine qu'elles ont confondu les sacs plastique avec les méduses ou margattes dont elles se nourrissent.




Malgré notre satisfaction, nous maintenons notre départ pour Pondicherry. Fait exceptionnel, tout se déroule à la seconde près sur le timing imaginé au départ. Le taxi qui vient nous prendre (on oublie le bus de ville) à l'hôtel enclenche le "meter" sans que nous ayons besoin de le réclamer. Nous débarquons trois quarts d'heure plus tard à la gare routière, qui n'a rien à envier aux plus grandes gares ferroviaires. Le hall est immense et innombrable les bus qui vont et viennent à partir des multiples quais de chargement. Nous n'y restons pas plus de 10mn, malheureusement. J'aurais bien aimé prendre le pouls de cet endroit, me laisser porter par le flux des voyageurs, rêver avec les destinations, être saisi par la beauté de tous ces personnages que l'on peut croiser dans ces lieux.
Làs, le contrôleur du bus, tel un camelot, attire les voyageurs au rythme des "Pondy !!" criés à tue tête pour que tout le monde l'entende au dessus de la mêlée.
Les 4 heures qui suivent sont avalées sans problème, malgré l'inconfort. Quelques scènes attirent de temps à autre notre attention, notamment un convoi funéraire. Des volées de fleurs jonchent la route sur son passage. Le chariot sur lequel est allongé le défunt est recouvert de guirlandes florales - les mêmes qui servent aux mariages.

L'arrivée s'avère plus compliquée. Notre guide, vieux de plus de 6 ans, est totalement dépassé. La chaleur nous contraint à prendre un rickshaw pour une première adresse, largement au-dessus de nos moyens. Séverine reste là avec les bagages pendant que nous commençons la quête du lieu idéal.
Ce serait une vraie guest house, et pas un hôtel, donc plutôt une maison familiale. Nous pourrions disposer d'un espace de vie, au mieux avec une cuisine. La situation nous permettrait de tout faire à pieds. Il faut donc rester dans le centre ville, si possible à proximité du quartier français, même si celui-ci ne nous sied guère pour le quotidien. Après deux autres essais infructueux, nous chassons le rickshaw, trop encombrant, et marchons au petit bonheur. Rue de la Bourdonnais, je découvre une guest parfaite. Mais occupée. Le garçon me demande de la suivre, après que lui ai expliqué notre recherche. Notre première destination est trop excentrée, mais sur le retour il s'arrête chez le propriétaire, qui dispose d'un petit appartement qui augmenté de deux matelas, nous conviendra parfaitement. 

A 18h30, nous avons trouvé notre hâvre pour la semaine à venir, et pouvons d'emblée commencer notre découverte. Puducherry est une ville à part. Du nord au sud, un canal à l'eau stagnante sépare le quartier français et le quartier indien. Là des avenues proprettes avec des restaurants plutôt chers fréquentés majoritairement par des séniors en villégiature, des antiquaires, des galeries et autres magasins tout beaux. De l'autre coté, l'effervescence reprend. Mais on y voit quand même un Subway, un KFC (qui a fait une entrée en force sur le marché indien), un Pizza Hut. A la nuit tombante, nous fuyons un restau french italian pour aller chercher un byriani.

Tout de même curieux de se retrouver dans un environnement ou le français est commun, ou l'on arpente la Rue Surcouf ou la Rue Mahe de la Bourdonnais; comme si nous étions à la maison...

Ce midi, orgie de bouquets et de calamars, achetés au marché. Exactement l'endroit qui nous séduit et que nous cherchons. Les commerçants n'ont pas fini de nous voir...




mercredi 22 janvier 2014





DSK Castle, Triplicane Road – Madras (Chennai)
Le 21

Arrivés en bon ordre à Madras, plus de 24h après avoir lever le camp du Pink House. Comme d'habitude, on s'imagine avoir tout bien régler. Finalement, alors qu'on s'engouffre dans la gare, certain de trouver bientôt l'indication de sont train et de son quai d'embarquement, on doit se résigner à une dose d'incertitude : le numéro du train n'existe pas sur le panneau général, et alors qu'on l'attend pour 17h30, l'heure passe qu'on ne sait toujours rien. L'arrêt étant très court, il nous faut courir pour accéder à notre voiture quand enfin, vers 19h, le train fait son entrée en gare.
Puri s'éloigne définitivement... la nuit nous enveloppe rapidement, et avec elle, le souvenir des rencontres et d'une douceur de vivre dont il a fallu s'arracher.
Nous quittons 25° et à peine 30% d'humidité, pour grimper à plus de 30° et 60%...
Comme c'est notre dernière véritable étape dans une grande ville indienne, Madras comptant aux alentours de 7 millions d'habitants tout de même, nous décidons d'y faire étape. Preuve que nous sommes en ville, le DSK (ce sont des initiales aussi, mais je goûte la touche d'humour ! ) abrite un bar. Il est néanmoins situé au premier étage, l'alcool n'étant pas ici du domaine public. L'opprobre reste grande, ce qui en limite l'usage. Cependant, les ravages sont nombreux dans les couches populaires, avec des breuvages souvent frelatés. La frénésie y est aussi présente. Notre rue, très passante, est bordé de trottoirs en travaux. La terre boueuse qui a été mise de coté afin de libérer les tranchées est maintenant plus ou moins tassée par les piétons et le motos qui s'encombrent au milieu de tout ce bazar. Séverine et les enfants remarquent  immédiatement les femmes voilées, et d'autres signes comme les sourates vendues à la place des habituels Shiva ou Ganesh, les couvre-chefs typiques de la culture musulmane. Quant à moi, je sens se rapprocher avec une vraie délectation le moment ou je vais recevoir mes bons biryani et autres thalis à ma table. Ce soir, après une bonne douche chaude bien méritée, nous étions déjà bien déterminés, affamés par 30h d'une nourriture chiche et éparse. Quelques tchaï et menus samosa servis dans le train, de petits paquets de chips, un kit-kat pour les enfants et une boite de tic-tac, les bananes constituant le meilleur apport. Aussi avons-nous lever le camp de notre premier choix pour atterrir dans quelque chose de plus fréquenté. Les poulets tikka qui rôtissaient à l'entrée annonçaient clairement la couleur. Malgré l'aspect un peu clinquant, dont nous nous méfions un peu, nous nous régalons d'une belle portion de poulet très relevé, d'une bonne mixt raïta pour l'adoucir et d'un convenable veg byriani. Il lui manque de la personnalité, à mon goût.
Cet épisode est remarquable tant il dénote par l'unanimité de l'appétit, et sur des plats bien toniques qui plus est. Une tablette de chocolat achetée un peu plus loin achève le festin.

Ce soir, nous songeons à cette nouvelle expérience ferroviaire. Passer une bonne vingtaine d'heures, voire beaucoup plus, dans un train, même en 3rd AC, c'est une bonne tranche de vie. Imaginez que les poubelles sont inexistantes, si bien que les détritus en tous genre s'accumulent tout au long du couloir. Les personnes sont plus ou moins ouvertes, mais d'une façon  générale, comme nous occupons une bonne partie du compartiment, c'est plutôt nous qu'on doit subir. Mais les enfants ne semblent pas surpris de la longueur de ces trajets, pendant lesquels le temps s'étire tellement qu'on se surprend à ne plus penser à l'heure d'arrivée. On s'étale en tous sens quand on a envie. On passe un moment à la porte de la voiture pour prendre l'air, ou 'on descend faire quelques pas et humer l'air quand le train s'arrête. On fait quelques devoirs, avec plus ou moins de récriminations portant sur l'intérêt de faire du travail scolaire à un tel moment... On essaie de dormir la nuit, en appréciant le respect du sommeil respecté par presque tous : on entend continuellement les sonneries de téléphone et une bonne partie du wagon, liée à cette classe moyenne qui compte plus en milliers qu'en centaines ou en dizaines de roupies, est scotchée à son téléphone pour y jouer, regarder des films, chatter sur bacebook, ou s'envoyer des photos et de la musique. L'addiction est encore plus frappante ici qu'elle contraste énormément avec le niveau global d'instruction et de développement. Néanmoins, les différences culturelles sont telles qu'il est difficile de cerner précisément les points d'impacts du consumérisme technologique.

Ce qui est certain en revanche, c'est le changement qui s'opère sous vos yeux. En trois voyages dans ce grand pays, j'ai assisté à cela. Forcément, car la pollution qui vous étouffe à Delhi, n'était pas à ce niveau là en 95. En 2008, internet et le cellulaire surtout étaient des marqueurs frappants du changement. Aujourd'hui, sur les sites touristiques où nous nous rendons, nous sommes presque toujours environnés d'une cohue de touristes indiens, qui ne sont plus seulement des pèlerins. Il est beaucoup d'endroits que vous auriez visité seul il y a encore quelques années, et dont l'environnement est maintenant formaté pour l'accueil massif, mais pas de TO européens.
Cependant, vous savez bien que les campagnes que vous traversez, qui filent à petite allure derrière votre vitre, ou du haut de votre porte, n'ont souvent pas accès à l'eau courante. Le portable y sera avant.


16h dans une rue non loin de l'hotel

Complique de trouver une connexion dans le quartier. Il fut laisser son passeport... Mais peu importe. Madras nous a reserve un tres bel accueil. Si ce n'etait l'hebergement, par trop citadin et ferme, je pense que nous nous serions laisse tentes par quelques jours ici. A suivre...

J'en profite quand meme pour remercier les nombreux messages de soutient a Hortense, et tous les autres, qui montrent que ces quelques mots jetes entre deux trains ne sont pas tout a fait vains...

Last day in Pink House (two days ago)


Les course en Rickhaws entre 50 et 100 Rs
Les repas entre 150 et 800 Rs pour 5
Les nuits à 1400 Rs pour les 2 chambres
La banane à 3 Rs, la bouteille d'eau à 15, le Tchaï entre 10 et 20
Les prix des objets en fonction de la tête du client : on divise par deux ou trois, en gardant en tête que notre échelle ce sont les euros, et pas les roupies. 2 ou 3 euros peuvent représenter une semaine de salaire voire plus pour certains. De fait, la décence impose de ne pas dépasser une certaine limite dans les négociations. L'exception concernera toujours les taxis d'aéroports ou à la sortie des bus et certains marchands, parce qu'ils le valent bien.
Total 20000 Rs pour 7 jours


Comparé aux autres résidents du Pink House, notre passage aura été de courte durée, mais suffisant. Malgré (ou à cause) d'une fragilité encore perceptible pour certains, nous avons maintenant hâte de retrouver Pondicherry, après une halte "prévue" à Mahallapuram, qui se trouve à 2 heures de bus de Madras (Chennai), où nous devons arriver demain en milieu d'après midi après 22 heures de trajet !!!
Nous avons considérer que nous aurions notre compte de voyages en train, aussi, les billets d'avion ont ils été pris pour que nous revenions directement de Colombo à Delhi. Cela génère un surcoût, mais nous gagnons au moins deux jours...



Notre copain le Life Guard N°22

Hier, après notre bain quotidien, et une petite promenade en chameau, nous avons trouvé notre rickshaw - est-ce le hasard qui l'a amené sur nos pas au moins 5 ou 6 fois ? - pour nous rendre au temple du soleil de Kornarak. Une belle promenade au long d'une route qui borde la plage vierge et seulement occupée par des pécheurs qui 
























samedi 18 janvier 2014

Un peu d'organisation

Pink House, lessoning to John Coltrane, "Blue Train" with my Masala Tchaï

Pendant que les pélerins entament leurs va-et-vient en passant devant la porte de la guest, nous nous sentons suffisamment ragaillardi ce matin pour un bon masala dosa. Je ne présente plus ces crèpes fourrées au légumes épicés, qui se mangent au petit déjeuner.
Nous avions déjà repéré le Bamboo Restaurant, non loin de là, qui semblait tout à fait approprié pour ces agapes matinales. D'autant que ce nom reste associé à une table que nous avons longtemps fréquentée dans le XIIIème (le bo bun ainsi que la salade de boeuf pimenté sont excellents)...







Un réveil avec de nouvelles résolutions. Les consultations auprès d'un agent de voyage nous amènent à reconsidérer notre itinéraire. De fait, l'option Varanasi au terme de notre séjour s'avère compliqué par les distances et le temps nécessaire à les parcourir. Il s'agit encore de journées de train, sans compter le retour sur le continent en provenance de colombo. Si bien que nous y renonçons... Déçus bien entendu, mais certains que d'autres occasions se présenteront.
Fort de quoi nous pouvons profiter d'une semaine supplémentaire dans le Tamil Nadu et d'un petit rab à Puri, que nous quitterons dans deux jours.
Cela non plus n'est pas simple : les trains étant complets, si l'on veut bénéficier des places allouées sur quota (au gouvernement, à l'armée, etc...) qui se libèrent 24h avant le départ, il faut être les premiers dans la queue devant le guichet. Celle-ci se forme à partir de 4h du matin et c'est un job pour de nombreuses personnes d'attendre dans cette queue. D’où l'obligation de passer par une agence, à moins de vouloir se lever à 3h pour une attente de 6h minimum, les réservations ne pouvant être effectuées avant. Un autre des apprentissages que nous devons faire pour nous mouvoir facilement. Et les exemples sont nombreux...






 Ce matin, jour de béton ! La bétonnière est livrée par camion avec son contingent de main d'oeuvre pour la faire tourner. Quelques hommes sont présents : pour diriger la toupie et pour lisser le béton. Entre les deux, une vingtaine de femmes, qui pour remplir la bétonnière et les autres, pour emmener le béton. Une trentaine de personnes agissent de concert avec la machine en assurant une sorte de ballet. On ne se surprend même pas à s'arrêter pour admirer le rythme des enchaînements, qui permet aux 200 m² de dalle d'être réalisés dans la matinée.
Les serveurs de l'hôtel où nous nous trouvons n'étant payés que 1000 Rs (12,5 euros !!!!) par .... mois, et ce pour 12 à 14h de présence journalière, 7/7, on imagine à peine ce que ces travailleurs peuvent gagner, pour un labeur moins honorant.

Connaissant ces "barèmes", on réalise un peu mieux le fossé qui nous sépare, avec nos liasses du commun de l'Inde contemporaine, qui concerne encore la majorité. Et ce, quand bien même nous trouvons nous dans l'Etat le plus pauvre.
On relativise...







Pour le souvenir...






vendredi 17 janvier 2014

Le temps s'arrête à Puri



Puri, E-24 Hospital, le 16 janvier à 14h

Hortense dort maintenant. Attaquée par une infection alimentaire, nous avons du nous résoudre à consulter un médecin hier soir. Après un bref répit, les vomissements ayant repris ce matin, le docteur nous a immédiatement orienté vers l'hôpital pour la mettre sous perfusion et subir une injection plus importante de traitement pour combattre l'infection. A son chevet, je profite de la pause qui m'est offerte pour reprendre le cours de notre récit.



Avec les trois nuits de transport, le temps s'est suspendu. Les 36 heures de train, en particulier, ont favorisé des rencontres insolites, avec un militaire, un travailleur revenant d'Arabie, avec un comptable et sa famille, des touristes/pélerins. Le temps se dilate, ou se contracte, je ne sais pas trop. Mais on perd le fil de la séquence des jours. Et on arrive à Puri au petit matin.



Nous finissons, après quelques guesthouses visitées, par nous installer au Pink House, l'une des institutions de la ville. Composée d'une rangée de chambres très simples, les fenêtres simplement munies de barreaux, sans eau chaude, mais donnant directement sur la plage, à la lisière de l'un des plus gros village de pécheurs de la côte. Cette partie de la plage est autant un lieu de travail, qu'un lieu de vie, très éloignée de la partie sud où se développe les hôtels destinés aux touristes indiens. Autant dire que les hébergements fréquentés par les voyageurs, sont désormais marginalisés.


Premiers bains dans le Golfe du Bengale, en s'éloignant de la partie occupée par les pécheurs, trop encombrée de déchets en tout genre. Premières vagues, et de -trop – nombreuses sollicitations des pèlerins pour des photos. Car Puri, c'est d'abord l'un des lieux les plus sacré de l'Inde, avec son temple qui figure parmi les quatre plus importants à visiter. De sorte que ses abords, et la ville ensuite sont encombrés d'Indiens en provenance de tout le territoire. On y croise toutes les cultures, toutes les différences de vêtements, de type, et la plupart, n'ayant jamais vu la mer, viennent y tremper les pieds ou se laisser rouler dans l'écume des vagues. Ils ne vont pas bien loin, car personne ne sait nager. Aussi avons-nous fait forte impression auprès des maîtres nageurs en nous éloignant du bord.



Malgré les soucis de santé, la pression pour avancer et reprendre la route s'éloigne. Puri s'impose comme une ville très accueillante, et pour peu que nous prenions le temps de nous y installer, source de découvertes et de rencontres. Celles-ci ont déjà commencé à l'hotel avec des occidentaux et des indiens. Les uns fréquentent Puri depuis des années et les autres sont des natifs qui ouvrent les portes. Il convient de signaler que le Pink s'impose par la tranquillité et la nonchalance de ses occupants autant et voire plus par son personnel. Everything is possible there...



Finalement, l'Orissa s'avère une destination de choix pour celui qui souhaite s'écarter des sentiers battus. On se trouve dans l'un des Etats les plus pauvres de la fédération, encore très marqué par la tradition, a fortiori du fait de l'importance de son Temple. Avec les enfants, il restera compliqué de s'aventurer dans les territoires tribaux mais la tentation est grande. Cependant, la vieille ville autour du temple est le centre d'une activité débordante, où l'on ne se lassera pas d'errer. De plus nous goûtons nos déambulations dans le village des pécheurs, qui jouxte notre hôtel, pour trouver une vie très simple, des sourires et beaucoup de curiosité dans toutes ces petites ruelles où courent les caniveaux, les poules et tellement d'enfants.


Le contraste entre cette vie traditionnelle et le tourisme nous est apparu de façon criante hier, lorsque nous avons assisté à des sacrifices rituels sur la plage, lors du Pujah. Une fête très importante. Sur le chemin de la baignade, les enfants ont donc pu regarder le sacrifice de quelques poulets. Un petit temple dressé sur la plage, abrité d'une hutte de paille ; un autel marqué de quelques drapeaux à proximité où sont égorgés les animaux. Deux officiants principaux, dont une femme, qui accompagnent la cérémonie en parlant continuellement aux bêtes, pour, imagine-t-on, que le message passe bien. La représentation d'un bateau, l'eau de mer déversée sur les bêtes, alternativement avec de l'eau mélangée à ce qui semble être du curry. L'attente est longue pour les chèvres, comme si on attendait leur réponse. Elles ont droit à leur dernier repas ; et couic ! La carcasse est jetée à la mer pour tout ce qu'on peut en attendre : de bonnes pêches et pas d'accidents... Puis, vous vous retrouvez à devoir vous éloigner de votre zone de baignade, car les courants ramènent la carcasse « sacrée » vers vous. Je ne plaisante qu'à moitié.

Il m'aura fallu plus de dix jours pour retrouver l’envoûtement qui m'a étreint à chacun de mes séjours dans cette contrée. Aujourd'hui, c'est un pur bonheur de me retrouver dans la rue, au milieu de cette atmosphère bruyante, dans laquelle les sens peinent à trouver leurs repères. On voudrait enregistrer, distiller odeurs et parfums, cuisiner, photographier et raconter chaque instant tellement il recèle de richesses. Jusqu'à « l'Hurya », la langue régionale, dont les intonations graves et chantantes plaisent à l'oreille.
Cet après midi, je sais que nous n'en avons pas encore fini avec Puri. Deux jours, une semaine... rien ne presse







Le 17.
Sommes rentrés après 22h30, très affaiblie mais vaillante. J'ai quand même pu passé une fin de soirée sympa avec Jéjé, un frenchie qui doit passer les trois quarts de son temps in India, et Lalla, le propriétaire baba de l'hôtel. Lui qui connaît tous les membres du gouvernement local nous en apprend beaucoup, hélas pas le meilleur. Mais en confrontant notre situation, on se dit qu'ils sont un peu pareils partout. L'argent corrompt tout, y compris les votes...

Alimentation à suivre de près : veg only !!!
On repassera pour les fritures de rue ou autres omelettes pimentées dont nous raffolons. Après conseil au sommet ce matin au Honey Bee restaurant, afin de travailler quand même un peu sur notre planning, voilà ce qui en ressort : nous partons après demain soir en direction de Chennaï avec une étape ou deux avant d'atteindre Pondicherry, où nous passerons une semaine avant de nous envoler vers Colombo. L'objectif étant de revenir suffisamment tôt pour passer quelques jours à Varanasi avant le retour. En cours...