mercredi 22 janvier 2014





DSK Castle, Triplicane Road – Madras (Chennai)
Le 21

Arrivés en bon ordre à Madras, plus de 24h après avoir lever le camp du Pink House. Comme d'habitude, on s'imagine avoir tout bien régler. Finalement, alors qu'on s'engouffre dans la gare, certain de trouver bientôt l'indication de sont train et de son quai d'embarquement, on doit se résigner à une dose d'incertitude : le numéro du train n'existe pas sur le panneau général, et alors qu'on l'attend pour 17h30, l'heure passe qu'on ne sait toujours rien. L'arrêt étant très court, il nous faut courir pour accéder à notre voiture quand enfin, vers 19h, le train fait son entrée en gare.
Puri s'éloigne définitivement... la nuit nous enveloppe rapidement, et avec elle, le souvenir des rencontres et d'une douceur de vivre dont il a fallu s'arracher.
Nous quittons 25° et à peine 30% d'humidité, pour grimper à plus de 30° et 60%...
Comme c'est notre dernière véritable étape dans une grande ville indienne, Madras comptant aux alentours de 7 millions d'habitants tout de même, nous décidons d'y faire étape. Preuve que nous sommes en ville, le DSK (ce sont des initiales aussi, mais je goûte la touche d'humour ! ) abrite un bar. Il est néanmoins situé au premier étage, l'alcool n'étant pas ici du domaine public. L'opprobre reste grande, ce qui en limite l'usage. Cependant, les ravages sont nombreux dans les couches populaires, avec des breuvages souvent frelatés. La frénésie y est aussi présente. Notre rue, très passante, est bordé de trottoirs en travaux. La terre boueuse qui a été mise de coté afin de libérer les tranchées est maintenant plus ou moins tassée par les piétons et le motos qui s'encombrent au milieu de tout ce bazar. Séverine et les enfants remarquent  immédiatement les femmes voilées, et d'autres signes comme les sourates vendues à la place des habituels Shiva ou Ganesh, les couvre-chefs typiques de la culture musulmane. Quant à moi, je sens se rapprocher avec une vraie délectation le moment ou je vais recevoir mes bons biryani et autres thalis à ma table. Ce soir, après une bonne douche chaude bien méritée, nous étions déjà bien déterminés, affamés par 30h d'une nourriture chiche et éparse. Quelques tchaï et menus samosa servis dans le train, de petits paquets de chips, un kit-kat pour les enfants et une boite de tic-tac, les bananes constituant le meilleur apport. Aussi avons-nous lever le camp de notre premier choix pour atterrir dans quelque chose de plus fréquenté. Les poulets tikka qui rôtissaient à l'entrée annonçaient clairement la couleur. Malgré l'aspect un peu clinquant, dont nous nous méfions un peu, nous nous régalons d'une belle portion de poulet très relevé, d'une bonne mixt raïta pour l'adoucir et d'un convenable veg byriani. Il lui manque de la personnalité, à mon goût.
Cet épisode est remarquable tant il dénote par l'unanimité de l'appétit, et sur des plats bien toniques qui plus est. Une tablette de chocolat achetée un peu plus loin achève le festin.

Ce soir, nous songeons à cette nouvelle expérience ferroviaire. Passer une bonne vingtaine d'heures, voire beaucoup plus, dans un train, même en 3rd AC, c'est une bonne tranche de vie. Imaginez que les poubelles sont inexistantes, si bien que les détritus en tous genre s'accumulent tout au long du couloir. Les personnes sont plus ou moins ouvertes, mais d'une façon  générale, comme nous occupons une bonne partie du compartiment, c'est plutôt nous qu'on doit subir. Mais les enfants ne semblent pas surpris de la longueur de ces trajets, pendant lesquels le temps s'étire tellement qu'on se surprend à ne plus penser à l'heure d'arrivée. On s'étale en tous sens quand on a envie. On passe un moment à la porte de la voiture pour prendre l'air, ou 'on descend faire quelques pas et humer l'air quand le train s'arrête. On fait quelques devoirs, avec plus ou moins de récriminations portant sur l'intérêt de faire du travail scolaire à un tel moment... On essaie de dormir la nuit, en appréciant le respect du sommeil respecté par presque tous : on entend continuellement les sonneries de téléphone et une bonne partie du wagon, liée à cette classe moyenne qui compte plus en milliers qu'en centaines ou en dizaines de roupies, est scotchée à son téléphone pour y jouer, regarder des films, chatter sur bacebook, ou s'envoyer des photos et de la musique. L'addiction est encore plus frappante ici qu'elle contraste énormément avec le niveau global d'instruction et de développement. Néanmoins, les différences culturelles sont telles qu'il est difficile de cerner précisément les points d'impacts du consumérisme technologique.

Ce qui est certain en revanche, c'est le changement qui s'opère sous vos yeux. En trois voyages dans ce grand pays, j'ai assisté à cela. Forcément, car la pollution qui vous étouffe à Delhi, n'était pas à ce niveau là en 95. En 2008, internet et le cellulaire surtout étaient des marqueurs frappants du changement. Aujourd'hui, sur les sites touristiques où nous nous rendons, nous sommes presque toujours environnés d'une cohue de touristes indiens, qui ne sont plus seulement des pèlerins. Il est beaucoup d'endroits que vous auriez visité seul il y a encore quelques années, et dont l'environnement est maintenant formaté pour l'accueil massif, mais pas de TO européens.
Cependant, vous savez bien que les campagnes que vous traversez, qui filent à petite allure derrière votre vitre, ou du haut de votre porte, n'ont souvent pas accès à l'eau courante. Le portable y sera avant.


16h dans une rue non loin de l'hotel

Complique de trouver une connexion dans le quartier. Il fut laisser son passeport... Mais peu importe. Madras nous a reserve un tres bel accueil. Si ce n'etait l'hebergement, par trop citadin et ferme, je pense que nous nous serions laisse tentes par quelques jours ici. A suivre...

J'en profite quand meme pour remercier les nombreux messages de soutient a Hortense, et tous les autres, qui montrent que ces quelques mots jetes entre deux trains ne sont pas tout a fait vains...

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