Puri,
E-24 Hospital, le 16 janvier à 14h
Hortense
dort maintenant. Attaquée par une infection alimentaire, nous avons
du nous résoudre à consulter un médecin hier soir. Après un bref
répit, les vomissements ayant repris ce matin, le docteur nous a
immédiatement orienté vers l'hôpital pour la mettre sous perfusion
et subir une injection plus importante de traitement pour combattre
l'infection. A son chevet, je profite de la pause qui m'est offerte
pour reprendre le cours de notre récit.
Avec
les trois nuits de transport, le temps s'est suspendu. Les 36 heures
de train, en particulier, ont favorisé des rencontres insolites,
avec un militaire, un travailleur revenant d'Arabie, avec un
comptable et sa famille, des touristes/pélerins. Le temps se dilate,
ou se contracte, je ne sais pas trop. Mais on perd le fil de la
séquence des jours. Et on arrive à Puri au petit matin.
Nous
finissons, après quelques guesthouses visitées, par nous installer
au Pink House, l'une des institutions de la ville. Composée d'une
rangée de chambres très simples, les fenêtres simplement munies de
barreaux, sans eau chaude, mais donnant directement sur la plage, à
la lisière de l'un des plus gros village de pécheurs de la côte.
Cette partie de la plage est autant un lieu de travail, qu'un lieu de
vie, très éloignée de la partie sud où se développe les hôtels
destinés aux touristes indiens. Autant dire que les hébergements
fréquentés par les voyageurs, sont désormais marginalisés.
Premiers
bains dans le Golfe du Bengale, en s'éloignant de la partie occupée
par les pécheurs, trop encombrée de déchets en tout genre.
Premières vagues, et de -trop – nombreuses sollicitations des
pèlerins pour des photos. Car Puri, c'est d'abord l'un des lieux les
plus sacré de l'Inde, avec son temple qui figure parmi les quatre
plus importants à visiter. De sorte que ses abords, et la ville
ensuite sont encombrés d'Indiens en provenance de tout le
territoire. On y croise toutes les cultures, toutes les différences
de vêtements, de type, et la plupart, n'ayant jamais vu la mer,
viennent y tremper les pieds ou se laisser rouler dans l'écume des
vagues. Ils ne vont pas bien loin, car personne ne sait nager. Aussi
avons-nous fait forte impression auprès des maîtres nageurs en nous
éloignant du bord.
Malgré
les soucis de santé, la pression pour avancer et reprendre la route
s'éloigne. Puri s'impose comme une ville très accueillante, et pour
peu que nous prenions le temps de nous y installer, source de
découvertes et de rencontres. Celles-ci ont déjà commencé à
l'hotel avec des occidentaux et des indiens. Les uns fréquentent
Puri depuis des années et les autres sont des natifs qui ouvrent les
portes. Il convient de signaler que le Pink s'impose par la
tranquillité et la nonchalance de ses occupants autant et voire plus
par son personnel. Everything is possible there...
Finalement,
l'Orissa s'avère une destination de choix pour celui qui souhaite
s'écarter des sentiers battus. On se trouve dans l'un des Etats les
plus pauvres de la fédération, encore très marqué par la
tradition, a fortiori du fait de l'importance de son Temple. Avec les
enfants, il restera compliqué de s'aventurer dans les territoires
tribaux mais la tentation est grande. Cependant, la vieille ville
autour du temple est le centre d'une activité débordante, où l'on
ne se lassera pas d'errer. De plus nous goûtons nos déambulations
dans le village des pécheurs, qui jouxte notre hôtel, pour trouver
une vie très simple, des sourires et beaucoup de curiosité dans
toutes ces petites ruelles où courent les caniveaux, les poules et
tellement d'enfants.
Le
contraste entre cette vie traditionnelle et le tourisme nous est
apparu de façon criante hier, lorsque nous avons assisté à des
sacrifices rituels sur la plage, lors du Pujah. Une fête très
importante. Sur le chemin de la baignade, les enfants ont donc pu
regarder le sacrifice de quelques poulets. Un petit temple dressé
sur la plage, abrité d'une hutte de paille ; un autel marqué
de quelques drapeaux à proximité où sont égorgés les animaux.
Deux officiants principaux, dont une femme, qui accompagnent la
cérémonie en parlant continuellement aux bêtes, pour,
imagine-t-on, que le message passe bien. La représentation d'un
bateau, l'eau de mer déversée sur les bêtes, alternativement avec
de l'eau mélangée à ce qui semble être du curry. L'attente est
longue pour les chèvres, comme si on attendait leur réponse. Elles
ont droit à leur dernier repas ; et couic ! La carcasse
est jetée à la mer pour tout ce qu'on peut en attendre : de
bonnes pêches et pas d'accidents... Puis, vous vous retrouvez à
devoir vous éloigner de votre zone de baignade, car les courants
ramènent la carcasse « sacrée » vers vous. Je ne
plaisante qu'à moitié.
Il
m'aura fallu plus de dix jours pour retrouver l’envoûtement qui
m'a étreint à chacun de mes séjours dans cette contrée.
Aujourd'hui, c'est un pur bonheur de me retrouver dans la rue, au
milieu de cette atmosphère bruyante, dans laquelle les sens peinent
à trouver leurs repères. On voudrait enregistrer, distiller odeurs
et parfums, cuisiner, photographier et raconter chaque instant
tellement il recèle de richesses. Jusqu'à « l'Hurya »,
la langue régionale, dont les intonations graves et chantantes
plaisent à l'oreille.
Cet
après midi, je sais que nous n'en avons pas encore fini avec Puri.
Deux jours, une semaine... rien ne presse
Le
17.
Sommes
rentrés après 22h30, très affaiblie mais vaillante. J'ai quand même pu passé une fin de soirée sympa avec Jéjé, un frenchie qui doit passer les trois quarts de son temps in India, et Lalla, le propriétaire baba de l'hôtel. Lui qui connaît tous les membres du gouvernement local nous en apprend beaucoup, hélas pas le meilleur. Mais en confrontant notre situation, on se dit qu'ils sont un peu pareils partout. L'argent corrompt tout, y compris les votes...
Alimentation à
suivre de près : veg only !!!
On
repassera pour les fritures de rue ou autres omelettes pimentées
dont nous raffolons. Après conseil au sommet ce matin au Honey Bee
restaurant, afin de travailler quand même un peu sur notre planning,
voilà ce qui en ressort : nous partons après demain soir en
direction de Chennaï avec une étape ou deux avant d'atteindre Pondicherry, où nous passerons une semaine avant de nous envoler vers Colombo. L'objectif étant de revenir suffisamment tôt pour passer quelques jours à Varanasi avant le retour. En cours...
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