On
ne saurait visiter le Laos, le Vietnam ou le Cambodge sans être
confronté à l'horreur de la guerre. On ne me tiendra pas rigueur
des inexactitudes historiques de mon propos, qui ne se veut pas une
leçon. Retenons qu'à la fin des années 60, le Laos jouit d'un
statut qui lui confère normalement une forme de neutralité vis à
vis du conflit vietnamien. Les Etats Unis ont supplanté la France,
défaite à la bataille de Dien Bien Phu en 1954, et entretiennent un
gouvernement fantoche au Sud Vietnam. Ho Chi Minh, leader
charismatique, nationaliste et communiste œuvre déjà pour la
réunification de son pays, soutenu par l'URSS. On assiste à un
conflit indirect entre les deux super puissances de l'époque. Afin
de contourner la frontière du centre Vietnam, les Viet congs du
nord, défrichent dans la jungle qui borde la frontière, coté Laos,
une piste qui leur permet de descendre armes et soldats. C'est en
particulier cette voie que les Etats Unis vont bombarder massivement
jusqu'en 1975, avec des bombes à fragmentation et du napalm. Ce
n'est pas tout, les bombardiers avaient ordre de rentrer à vide de
leurs missions, si bien qu'ils larguaient tout ce qui leur restait
parfois à leur retour vers les porte avions, sans cibles
particulières.
Ce sont en tout
plus de 2 millions de tonnes d'explosifs qui seront déversés sur ce
petit pays, ce qui lui vaut de détenir le record en termes de
quantité. D'après ce que nous avons compris au petit musée qui
jouxte le centre de rééducation des blessés par les mines anti
personnelles, c'est plus que ce qui a été reçu par le Japon et
l'Allemagne réunies pendant la seconde guerre mondiale.
On considère
quà l'issue du conflit, environ 30% des bombes n'ont pas explosé.
Elles tuent donc encore aujourd'hui,malgré les campagnes de
prévention.
Et en
franchissant la frontière, nous serons confrontés à une autre
folie humaine : l'Angkar, la politique menée par Pol Pot et ses
khmers rouges, qui a abouti à l'anéantissement d'un cinquième de
la population en moins de cinq ans : 1 million de personnes
tuées dans le cadre d'une folie meutrière sans nom.
On a peine à
croire, vu la gentillesse et le sourire omniprésent qui se dessine
sur le visage de tous ceux que nous croisons que ces lieux aient pu
vivre une telle expérience il y si peu de temps.
Quoi qu'il en
soit, cette visite nous permit de plonger directement au cœur de
cette réalité, d'autant que nous rencontrons dans l'enceinte des
locaux, des enfants en fauteuil ou d'autres sur des béquilles...
Nous n'oublions
pas les marchés, encore différents de ce que nous avions vu
auparavant. Nous sommes dans une capitale, et même si sa population
ne dépasse pas 350 000 habitants, elle est pourvue d'assez grandes
halles. Les deux principales sont à proximité de la maison. L'une
est dédiée à l'artisanat et aux produits manufacturés, l'autre
séparée par la grande station de bus, regroupe les espaces
alimentaires. Ces deux marchés sont mythiques. La littérature
regorge d'allusions à ces étals d'écorces et de tabacs,
d'artisanat venus de tout le Laos. Aujourd'hui, cependant, on ne peut
qu'être déçus. Je m'attendais à une grande variété de produits,
et force m'est de constater que l'artisanat se réduit à des tissus
qui seront majoritairement dédiés aux touristes ou à des biens
d'équipement électoménagers et électroniques. Je ne suis pas là
pour ça. Le deuxième est plus attrayant. Toutefois, il est en
pleine rénovation et les nouveaux batiments sont loins d'être
terminés ; les travaux sont d'ailleurs au point mort. Du coup,
ce vaste chantier de fondations en béton sur deux étages est
entouré d'une immense structure plus ou moins précaire, faite de
baches et de toles ; en attendant mieux. L'accueil, comme je
l'ai déjà mentionné, est néanmoins sympathique. Pourtant, je n'y
retournerais pas.
Nous poursuivons
la préparation de notre séjour au Cambodge, en commençant par les
visas. Nous gardons un mauvais souvenir des multiples formulaires à
remplir au poste frontière, et préfèrons nous y prendre à
l'avance. Nous avons la chance de rencontrer plusieurs voyageurs qui
nous donnent transmettent leurs impressions sur les guesthouses, sur
les villes qu'ils ont traversées, et sur les moyens de transport
pour s'y rendre. Malgré des avis contradictoires sur Koh Chang,
notre destination finale en Thaïlande, nous décidons de persister.
Alentour, d'autres iles ont l'air assez séduisantes, mais souvent
trop petites pour des séjours d'une semaine.
Nous venons
d'ailleurs de passer la moitié de notre séjour. Compte tenu des
étapes que nous avons rajoutées, j'ai du faire le décompte des
jours. Il me semble que l'avion du retour est presque pour demain.
Il ne se passe
pas une journée sans que nous réalisions le bonheur d'être tous
ensemble, ici. Chaque jour apporte son lot de petits plaisirs, si
profondément liés à au voyage.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire